L’exposition « Japon – Japonismes. Objets inspirés, 1867-2018 » présentée actuellement aux Arts Décoratifs, nous révèle le superbe fonds d’art japonais détenu par le Musée. En le confrontant à des créations occidentales japonistes, le M.A.D, pionnier dans l’initiative de conserver et présenter l’art japonais en France depuis sa fondation en 1864, met ainsi en lumière la fascination réciproque entre la France et le Japon sur bien des domaines de la création artistique, pendant un siècle et demi.
L’exposition et son catalogue témoignent de l’influence du Japon sur les arts français dans les domaines de l’objet (céramiques, verres, bronzes, laques, papiers peints, bijoux, mobilier), de l’estampe, de la photographie, du jouet, des textiles, de la mode et du design… Dans une belle scénographie confiée à l’architecte japonais minimaliste Sou Fujimoto, le parcours qui se déploie sur trois niveaux du musée, totalisant une superficie de 2200 m2, est articulé en cinq thématiques : les acteurs de la découverte, la nature, le temps, le mouvement et l’innovation.
La première section nous introduit aux « acteurs de la découverte » en nous présentant d’une part le rôle des Expositions universelles mais surtout celui des voyageurs et des marchands, tels Henri Cernuschi, Émile Guimet, Hugues Krafft, Siegfried Bing, Florine Langweil ou Hayashi, qui, par leurs récits ou leurs collections, ont contribué dès la fin du XIXème siècle à la diffusion d’objets et d’images dans toute l’Europe.
En faisant le choix d’un parcours non chronologique, nous sommes quelquefois un peu perdus dans ces grandes séquences, telles la nature, le temps, le mouvement. D’autant plus qu’un autre parti-pris de l’exposition est d’avoir exclus, sauf à de rares exceptions, les cartels des objets exposés. Ce sont des feuilles de salles à disposition du public qui indiquent la nature et la provenance des objets, mais malheureusement pas toujours de manière exhaustive. Et cela peut procurer quelques frustrations…
Ces réserves mises à part, nous retiendrons avant tout de cette visite les grands moments de purs plaisirs comme découvrir ou revoir les créations de Gallé, de Lalique, Majorelle et bien d’autres, influencés par des motifs japonais de fleurs, glycines ou bambou, déclinés sur des sublimes papiers peints, meubles ou vases…Admirer combien hirondelles, papillons, paons, langoustes ou crevettes ont ornés magnifiquement des céramiques ou objets japonais ou européens…
Constater la délicatesse de ces miniatures que sont les netsuke, aimer les poupées ou raffinement des gardes de sabre…S’étonner toujours de la force des masques de Nô et de la beauté des kimono brodés…Etre fasciné par ce grand palanquin en bois laqué et or du XIXème… Adorer tous les peignes et les diverses boites qui traversent les époques…Etre sous le charme des paravents et des estampes où fleurs et oiseaux seront plus tard transposés dans des motifs décoratifs en Europe…
La dernière partie de l’exposition, consacrée à l’innovation, à savoir le design, la mode, les arts graphiques aujourd’hui, est plus classique dans sa scénographie mais sans doute plus structurée.
Une chaise longue et une banquette de Charlotte Perriand illustrent l’influence déterminante que le Japon a eu sur son travail tellement précurseur.
Un tabouret datant de 1956 du designer Yanagi Sori, avec qui Perriand a voyagé au Japon dans les années 40, est un magnifique exemple de l’influence de la tradition japonaise sur le design industriel, tout comme ces incroyables enceintes connectées en laiton. Les plissés d’Issey Miyake, ou les extravagances de Comme des Garçons rappellent à quel point la mode japonaise est entrée dans notre patrimoine (pourquoi pas Kenzo ?) tout comme les lignes pures et sobres de vaisselle contemporaine japonaise, diffusées par Muji pour qui elles ont été crées.
« Japon – Japonismes. Objets inspirés, 1867-2018 » n’est ni une exposition exhaustive (aucune oeuvre, ni allusion à Van Gogh, Monet ou d’autres impressionnistes inspirés par des motifs japonais…), ni une exposition sociologique ou politique. En connaissance de cause, allez vite découvrir ce très beau parcours, il vous reste trois semaines !
« Japon – Japonismes. Objets inspirés, 1867-2018 »
M.A.D Musée des arts décoratifs, Paris, jusqu’au 3 mars 2019
merci
super beau thème d’exposition, il faut y aller!
Merci à toi !
ça donne envie, ça a l’air très beau….Merci!
Merci Mireille !